jeudi 28 mai 2009

Fun


Dans le bus.
C'est toujours dans le bus qu'il se passe des choses un peu folles, hors du commun.

Donc, dans le bus ligne 10, hier, je rentre à St Genis. Je suis complétement absorbée par la lecture d'un bouquin, un semi-polar dans l'Ouest Américain avec des chevaux, des ranchs et de l'amour. Tout pour me plaire, mais rien de cul-cul, rassurez-vous.
Je lève les yeux, et vois une grand-mère me regarder en souriant, l'air attendrie. Puis une autre.

Je sais que j'ai l'air gentil et peu farouche, les gens me font souvent des sourires dans le bus, mais deux mémés sur un trajet ça me semble beaucoup. Tant pis, je retourne dans mon Far Ouest, au plein milieu d'un grand galop sur les plaines desertiques.

Mais... Tout de même.
Quelque chose me gène, là, juste derrière moi.. Je bouge un peu, et j'entend un éclat de rire au creux de mon oreille. Après un bref sursaut je me retourne, presque fachée d'avoir été arrachée à ma lecture, et je vois...

Une jeune fille de mon âge, adossée à mon siège comme si on était amies depuis toujours, penchée sur mon bouquin encore ouvert.

- Il s'appelle comment ?

Un peu abasourdie, je referme le livre et lui montre la couverture. Elle rit à nouveau, me remercie, puis se retourne. Je dois avouer que je suis prise à mon propre piège, parce que c'est tout moi, de lire sur les épaules des gens. J'aime essayer de retrouver un livre que j'ai déja lu, sourire quand je vois rosir les gens pendant un passage érotique, et rire dans ma tête en même temps qu'eux quand c'est rigolo. Alors je ne peux pas vraiment me facher, mais je n'arrive plus à me concentrer et je jette des regards discrets par dessus mon épaule, où la jeune fille me tourne maintenant le dos.

Elle descend deux arrets avant le mien, fait quelques pas, se retourne et me lance un grand sourire.

Quand j'étais petite, je choisissais mes copines de façon très simple, en leur demandant : "tu veux être ma copine?" Je me suis pris de sacré rateaux, mais parfois ça a marché. En entrant en 1ère L, quand j'ai vu Manon, je me suis dit qu'il fallait qu'elle soit mon amie. Elle a toujours eu cette espèce d'halo lumineux que revetent mes amis de longue date, et quand je l'ai vu pour la première fois je l'ai choisi instantanement

Et bien cette jeune fille, je la retrouverai. C'est décidé. Et quand je la verrai, je voudrais simplement lui demander :

"Tu veux être mon amie ?"

4 commentaires:

  1. Dans un temps ancien, quand on faisait ce type de rencontre, on passait une annonce dans Libé: "toi qui lisait par dessus mon épaule,dans le 10 tel jour, telle heure, je voudrais te retrouver."

    Et parfois ça marchait, car tout le monde lisait les annonces "chéries" de Libé.

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  2. ahh quelle anecdote émouvante! je pense que de nos jours, il est encore possible de faire ce genre de demande: veux tu simplement être mon amie, rire avec moi, parler, rêver etc. seulement le faisons-nous de manière plus implicite? peut-être pas, à notre façon, en s'invitant à des repas lentilles curry, au café violet, en étant là dans les instants difficiles de la vie, cette amitié nous la laissons éclore petit à petit, on la chérie un peu sans doute, comme un objet précieux, on en est presque devenu possessif! cette amitié n'est peut etre pas née aussi simplement que "veux tu être mon amie" mais en tout cas, elle a tellement de valeurs a mes yeux...

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  3. Bien sur, et c'est parfois la magie de l'amitié, quand elle te prend par surprise.

    Parfois tu t'attend pas à ça, tu veux pas de nouveaux amis et bang ! collision, ça percute et les vies fusionnent pour créer des parcours communs.

    D'ou les lentilles, les cafés violets, les confidences à mi-voix, les pleurs dans ma cuisine après gros chagrin, les sms inquiet et les joyeux, le canoé et tout le reste.

    On y va à fond mais desfois ça fait mal, c'est ça aussi l'amitié.

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  4. et il y a aussi les amitiés qui se découvrent chez une personne qui n'avait pas forcément laissé une bonne impression, la faute de nos carapaces trompeuses.
    un sourire comme ça, gratuit, c'est quand même que du bonheur, il y a encore des gens (Dieu merci) pour savoir s'ouvrir même le temps d'un trajet de bus. c'est beau comme tout.

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