samedi 2 mai 2009

Vendredi 9 Novembre


Des nouvelles de Kadhera et de sa carrière de pompier. Je lui en ai reparlé, tout à l’heure, alors qu’elle était exclue de cours :
— Alors, Kadhera, tu continues, l’entraînement de pompier ?
— Nan… En vrai j’ai arrêté, maintenant. J’veux plus faire ça.
— Oh… Pourquoi ? Ça ne te plait plus ?
— Nan maintenant j’ai peur, parce qu’on doit sortir des gens brûlés du feu.. C’est des faux gens hein, mais j’aime pas.

Je lui ai parlé, comme certains d’entre vous me l’avaient conseillé, de faire journaliste, pour voir toutes les émeutes et pouvoir ensuite tout raconter aux gens, mais ça ne l’a pas branché.
« Nan t’es fou, pour être kidnappé et tout ! »

Je ne lui ai pas suggéré CRS, pour pouvoir être aux premières loges. Je suis sure que ça ne lui aurait pas plu non plus.

Kadhera est fantastique, elle a ce timbre de voix et ce débit bien particulier, qui rend presque incompréhensible ce qu’elle dit. Pour ceux qui ont vu « L’Esquive », elle me fait un peu penser à l’héroïne ; tellement pleine de vie, d’énergie.

La prof de défense contre les forces du mal a encore fait des siennes : nous avons une nouvelle CPE qui gravit bravement le parcours du combattant pour un peu de respect de la part des élèves. Notre chère prof, ne réussissant plus à tenir sa classe, fait appel à un CPE. La nouvelle s’y rend, et, à peine passé le pas de la porte, se fait vertement refouler : « Non ! C’est pas elle que je veux ! C’est la principale ! » Vous conviendrez de la finesse de ces propos, touchante de solidarité dans ces lieux où les temps sont durs. Bref, passons.

Notre collège est en travaux, et nous n’avons plus de salle de perm. attribuée. Perm itinérante, dans une salle ou l’autre selon les disponibilités. Cet aprèm, j’avais trois collés, toujours les mêmes. Avec mon fameux Ellias, bien sûr, que je n’arriverai jamais à faire bosser, mais qui est toujours avide de conversation.
J’ai cru que je ne tiendrais pas ces trois malheureux petits aux débuts. Dur de les faire s’asseoir, se calmer, surtout qu’un prof est venu dans la salle flanquée de quatre élèves à coller qui me mettaient un bazar effroyable en gémissant, suppliant, etc..
Aicha joue avec un téléphone ou lecteur mp3 à l’intérieur de son sac. Je lui dis de le ranger immédiatement, elle bougonne et me dit quelque chose d’inaudible dans le genre « Tu me fais chier ». Je me lève immédiatement, je m’approche de son bureau et lui demande de répéter. Elle ricane, dit qu’elle n’a rien dit. Je lui réponds qu’on va aller voir les CPE pour régler le problème. Elle rétorque aussitôt « Je rigolais ! » Un autre s’exclame, « Elle a dit que tu la saoulais ! »
« Elle a dit quoi ? » Je redemande.
S’en suivent une liste de synonyme des deux jeunes gens. Je propose à Aicha : « Si tu arrives à me le dire dans un langage correct, je laisse tomber ».
Malheureusement, ça n’est pas une tâche facile.
Au bout d’un moment, je leur dis : « Essayez d’imaginer comment on dirait dans un livre »
J’ai une proposition d’Aicha « Tu me casses les c… » avec une toute petite voix.
« Bah quoi », elle rétorque alors que je fronce les sourcils, « chez moi, il y a des livres qui disent comme ça ! »
De l’avant de la classe, Ellias propose : « Tu es barbante » les autres pouffent de rire et aussitôt rebondissent : « Tu m’exaspères », « Tu me bassines ». Je leur propose aussi : « tu m’ennuies », « tu m’enquiquines », etc.
Bon, ça s’est plutôt bien fini, ils se sont mis au boulot, sauf Ellias qui a voulu me raconter ses voyages scolaires, les écoles privées où il est passé avant, le lycée général où il aimerait être pris l’année prochaine, etc..
Aicha, elle voudrait plus tard être soit « esthéticienne, soit mécanicienne ». Et Hubert, lui opte pour « pilote de chasse ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire