samedi 2 mai 2009

Jeudi 15 Novembre

Je crois qu’ils n’ont jamais été aussi détestables qu’aujourd’hui. Il fait froid. Très froid même. Et pour ceux qui ont des ados ou qui en sont eux-mêmes, vous devez savoir qu’il y a une règle absolue quand on est collégien : ne jamais, mais vraiment jamais, mettre un blouson chaud. Même si celui-là est beau. Ne me demandez pas pourquoi, mais c’est ainsi. Mon frère se faisait menacer de « collage au plafond » pour accepter de porter son blouson, et même ainsi, il se débrouillait pour les perdre, dans les vestiaires du sport, dans une salle de classe, dans le bus… Comme il n’était pas question qu’il porte un de mes manteaux « de fille » et que ma mère en a eu marre d’acheter des manteaux, il a fini par avoir gain de cause.

Donc il faisait froid, tous ces gosses sans blousons étaient survoltés et même pire : ils étaient presque désagréables.

Aujourd’hui est aussi le jour de mon premier rapport d’incident : en voilà le récit.

Je surveille un intercours en début d’après-midi, je suis crevée par la cantine, et voilà que tombe du ciel à mes pieds un cartable, plein bien sûr. Je lève la tête au ciel, pensant à un geste divin me conseillant la voix des études ; mais je vois cette horrible petite blonde riant aux éclats, suivie de son cousin qui lui colle aux basques depuis le début de l’année. Les mêmes que j’avais chopés, lui fuyant cette pestouille qui lui courrait après avec son compas tendu vers lui. Le cartable est au cousin, bien sûr, elle lui a piqué et l’a lancé gaiement, sans regarder aucunement qui passait un étage en dessous. Je monte aussitôt la rejoindre, et lui demande pourquoi elle a fait ça. Je souhaite être indulgente, cette histoire me rappelant étrangement une histoire familiale que je ne vous conterai pas ce soir.


Mais quand Magalie me répond avec hargne « Bah quoi, jfais ce que je veux avec mon cousin ! ça te regarde pas ! » Je lui demande son carnet, en tentant tant bien que mal de lui expliquer que cousins ou non, on ne prend pas le cartable des autres pour le lancer d’un étage à l’autre. Elle refuse, me dit qu’elle ne l’a pas, alors je la menace de l’emmener chez le CPE si elle ne me le donne pas. Elle résiste un peu encore, puis finit par jeter le carnet à mes pieds... Que faire ? Je ramasse le carnet, et tente de l’emmener chez le CPE, qui n’est pas dans son bureau. Elle me dit qu’elle part, parce qu’elle est pressée de toute façon. Je tente de la dissuader : « Attention Magalie, tu ne t’en sortiras pas comme ça, demain il y aura des problèmes, bla-bla-bla… » ce à quoi elle me répond aussi sec : « Et bien c’est vite vu, je ne viendrais pas demain ! De toute façon, je veux plus venir au collège, alors voilà ! »
Je regarde ce bout de femme. Elle est en 5e, petite, acnéique, elle commence à m’énerver. Elle est très arrogante.


Je lui dis que tant qu’il faudra bien qu’elle revienne, de toute façon, que c’est comme pour les cartables, envie ou pas envie, le collège, on y va. Elle me dit alors :
« Bah j’viendrai, tu verras, je me battrai avec tout le monde ici pour me faire virer, j’aurai des embrouilles avec tout le monde et je mettrai tout sur ton dos et tu vas souffrir ! »
Je m’avance vers elle, lui dit que je l’emmène chez la principale… et c’est là que vient le clou du spectacle : elle me hurle : « Me touche pas, me touche pas ! Ne me touche pas ou j’te pète les dents !!! » « Mais j’ai pas l’intention de te toucher Magalie, j’ai aucune raison de le faire… C’est pas comme ça que ça se passe ici ! » Et c’est comme ça que j’ai dérangé une réunion chez la principale. La petite s’est pris deux sacrées torchées, elle n’a plus parlé de toucher à ma dentition en partant.



Mais je pense tout de même à investir dans un protège-dents.

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