samedi 2 mai 2009

Jeudi 25 Octobre

Je crois que je vais être beaucoup malade, cette année. On a tous la crève les uns après les autres, notre maladie tourne et quand l'un d'entre nous en a fini avec, il l'a déjà refilé à deux autres. Et ainsi de suite.

Les gamins aussi sont malades, et il semblerait qu'il y ait une épidémie de gastro dans le collège. Mais bon, les vacances approchent, aussi...

Aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de discuter avec deux profs totalement différentes.

L'une venait d'arriver à peine, depuis la rentrée. L'année dernière, elle était dans un collège friqué de la banlieue résidentielle lyonnaise, alors forcément, ça lui fait bizarre. Elle m'explique qu'elle n'a pas signé pour "ça", qu'elle n'est pas là pour faire de l'éducation, mais pour apporter du savoir. Elle ne supporte plus ces gamins qui ne respectent rien, cette ambiance tendue qui l'épuise, ce niveau la-men-table. Elle veut partir. Au plus vite. J'essaie de la faire rire, de dire qu'on peut voir les choses du bon coté, qu'au moins il y a des choses à raconter pour les longues soirées d'hiver . Elle me répond amèrement que ça n'intéresse personne, ces choses là.

L'autre prof est là depuis quelques années déjà, je pense. Elle connait tout les gamins, même ceux qu'elle n'a pas dans ses cours. Elle fait partie des profs dont les élèves se lèvent en silence quand j'entre dans la classe. Elle me dit que les sixièmes la font particulièrement craquer (comme tout le monde)et qu'elle avance, petit à petit. Elle raconte que parfois, quand des élèves sont particulièrement durs avec elle, il arrive qu'ils viennent la voir plus tard dans sa salle de classe pour s'excuser, et que pour ces moments privilégiés elle donnerait tout. Elle les respecte, ses élèves, et je crois que ça change tout.

Il y a un nouveau, Jordy, qui, je pense, ne va pas faire long feu. Il arrive vers 9h30 dans ma salle de perm. D'entrée, il me dit "Moi, je suis nouveau ici"

- Tu es exclu?

-" Non, je suis en retard. Je commençais à 8h", il ricane

Ça en bouche un coin à Sophia, qui est visiblement très impressionnée par ce nouveau qui a déjà fait des siennes, semble-t-il. Elle lui demande de quelle nationalité il est : "Espagnol" il répond en roulant des épaules.

Elle glousse et lui dit:

- Viens ! Viens t'assoir là.

Il se lève aussi sec, et se dirige vers la place qu'elle lui a recommandé.

Je râle :

-Oh ! Mais tu rigoles ou quoi? Jordy, tu viens te mettre devant, comme je t'ai dit! La moindre des choses c'est de demander, avant de changer de place!

Pas de réactions. Je me lève, je m'approche de lui.

-Jordy, je dis plus doucement, soit tu te lèves, soit tu me files ton carnet. Dépêche-toi.

Il bougonne, mais ne bouge pas. Comme j'insiste, il me répond :

-Tu veux mon carnet? Ben tiens!!!!

Et il le lance à travers la perm. Le carnet s'écrase par terre, et j'attrape Jordy par la manche.

Il a finit chez le CPE, puis chez la principale. Sur la route, je lui demande gentiment :

-Pourquoi tu fais ça Jordy, pourquoi tu veux te faire virer tout de suite ?

Il hausse les épaules, nonchalamment :

- C'est trop loin de chez moi, j'arrive pas à me lever si tôt, le matin. J'voulais pas être ici, moi!

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