L'appel

L'appel, on le fait tous de temps en temps dans la semaine.

Ça consiste à arpenter les couloirs, et si tout se passe bien, à recueillir les petits papiers avec les noms des absents. Si tout se passe bien, parce que certains profs sont réputés pour être étourdis. Alors il faut frapper, pénétrer dans ces univers chaque fois différent que sont les classes. Le prof comprend en général très vite, se frappe le front du plat de la main, et s'empresse de récapituler les absents. Il me tend le papier en disant quelque chose du genre "J'oublie toujours", avec un sourire gêné.

Parfois, les élèves en profitent, heureux de pouvoir profiter de cette minute de répit, et chahutent, me demandent si ça va ou pourquoi j'ai encore appelé leurs parents hier.

On voit vite de cette façon à quel type de prof on a affaire. ll y a les classes qui se lèvent sans un bruit quand j'entre, celles où le prof n'ose pas baisser la tête sur son papier, de peur que les élèves se lèvent ou se lancent des stylos en douce. Il y a les classes ou le prof ne m'entend pas frapper, tant il y a de bruit, et il y a même les profs qui continuent leur cours comme si je n'étais pas là, et finissent par daigner me voir quand les élèves disent : "ya l'appel mdame" ou "ya Coline! Ohh Coline, ça va?"

C'est pas facile, au début. On entre par l'arrière de la salle, ça fait rire les élèves. On ne sait plus trop où on a déjà récupéré les billets et où est ce qu'il en reste. Il m'est arrivé aussi de rentrer deux fois dans la même salle, une fois par devant, une fois par derrière.

C'est plutôt cool, l'appel, mais après il faut appeler les parents des absents, et ça c'est moins cool.