samedi 2 mai 2009

Mercredi 5 Decembre

Ce matin, Abdel n'est pas allé avec ses camarades à la sortie scolaire, pour tout un tas de raisons qui m'échappent. Il reste donc dans notre nouvelle « salle des exclus » ou « la rate », comme j'ai entendu une élève l'appeler. Rate sympathique... neuve, lumineuse, et avec de grandes vitres qui la sépare de la vie scolaire et permettent ainsi de voir un peu ce qu'il s'y passe.

Bref. Je suis avec Abdel, petit 4e qui ne fait pas son age (comme il me le dira lui-même : « moi j'suis petit comme les sixièmes et je suis en 4e »

Il bosse, un peu ; pense, beaucoup. Puis, comme un collègue lui donne un article sur les témoignages payés à Villiers-le-Bel, il commence à me poser des questions : "Moi en fait j'savais pas que maintenant y zavaient le droit de cartonner les jeunes ! » Il est sérieux. Pour lui, on a donné la permission aux flics de rentrer dans les pockets-bike conduites par des jeunes, pour limiter le phénomène.

On en parle, je lui explique ce qui s'est passé, que lui et moi on peut en penser ce qu'on veut, mais que, officiellement, c'est un accident. Il me répond : « Mais, ça peut pas être un accident, parce qu’eux (les jeunes) ils sont pas fous, s’ils voient un flic pfioouu, ils partent. Si on voit les flics, eux, on les voit plus, hein ». On parle, il me raconte un tas d'aventures alléchantes, un flic sur un parking qui s'est pris un ciseau dans l'oeil, il paraît. Une fille qui s'est pris une boule de bowling sur la tête, mais heureusement elle avait un casque (j'avoue ne pas trop avoir suivi le fil du récit de cette histoire là. Il me dit qu'il n'a jamais redoublé, mais que maintenant il en a marre de travailler alors il veut rendre feuille blanche. Il me demande comment c'est, l'université, et je lui raconte les amphis, l'immense campus, et les heures de cours non obligatoires. Il travaille un peu, puis me relance encore sur de nouvelles questions.

Et quand deux autres exclus viennent nous rejoindre, il se tait. Les autres râlent, ils ne méritaient pas d'être exclus de toute façon, et puis c'est toujours eux, etc. S'en suit un mini-débat sur les mots. Abdel me demande si je sais ce que ça veut dire, « mon yeurk», je lui réponds que oui. Il est déçu de ne pas m'apprendre quelque chose, me dit que les profs ne savent pas. « c'est pas vrai », reprennent les autres, « presque tout le monde sait maintenant ».

Abdel me dit que c'est leurs mots, que normalement personne doit comprendre et je lui réponds que le mieux, c'est de savoir parler les deux langues, comme ça on peut aussi comprendre les trucs des adultes. Il me dit : « pas besoin, nous on se comprend tous ici hein ».

Puis il retravaille un peu quand les autres partent. Il feuillette son livre de français (« c'est la première fois que j'l'ouvre ! » et trouve une BD, puis se plonge dans des textes ensuite.



Il me dit que de toute façon, il ne voulait pas y aller, au cinéma, parce que c'est en allemand. « Encore, un film d'horreur en Allemand, ça passe, mais là...! »

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